DELION - perspectives psychanalytiques actuelles de l'autisme

Publié le par jill

Conférence de Delion à Aix-en-provence le 13 janvier

je vous livre mes notes sans faire l'effort de refaire des phrases... désolée pour la mise en page anarchique, c'est de la faute au blog qui en fait qu'à sa tête...

rapidement, en intro, il a abordé les problèmes "politiques" actuels : rapport de l'inserm et cie.

il a insisté sur la distinction qu'on doit faire entre la prévention, qui est un axe important du travail sur la petite enfance, et la prédiction. il a pointé le rôle central des CAMSP, comme étant le lieu qui accueille les très jeunes enfants "à risque" auprès de qui on peut engager un travail tant qu'il est encore temps.

il s'est montré très favorable à une prise en charge globale de l'enfant à risque autistique; et surtout à un bilan quasi-systématique qui prendrait en compte tous les facteurs en jeu : psy, génétique, neuro, etc... il souligne d'ailleurs qu'on obtient une meilleure acceptation et participation de la famille aux soins psychothérapiques lorsqu'elle est certaine que l'ensemble des pistes a été exploré.

il appuie son argumentation en faveur d'un véritable partenariat entre les psychanalystes et les neuroscientifiques en mettant en correlation par exemple le reflexe neuro normal du "grasping" et "l'identification adhésive" dans l'autisme.

on doit selon lui penser le travail psychique comme un accompagnement du travail corporel (et vice versa)

la prise en charge de l'enfant autiste doit s'articuler autour de trois pôles : psychothérapique, éducatif (importance de la participation des parents) et pédagogique

en ce qui concerne le travail avec les parents, il s'agit de prendre en compte leur souffrance pour mieux soigner l'enfant. on doit faire revenir chez eux l'idée d'un avenir possible pour l'enfant, réchauffer la "vivance émotionnelle" (travail qu'on doit aussi faire dans les équipes soignantes quand elles s'essoufflent ! mais ça c moi qui le rajoute)

du côté de la thérapie : les trois étapes

1 - récupération des enveloppes corporelles

(voir son excellent livre "corps psychose et institution" qui ouvre beaucoup de portes quand on sait plus qu'on faire)

il nous rappelle les concepts de Meltzer : le démantèlement et le mantèlement.

dans le démantèlement, l'enfant autiste n'a pas de représentation interne de son corps, on peut par exemple l'observer par son tonus 

dans le mantèlement, on a une organisation de la représentation psychique de l'objet qui s'appuie sur l'assemblage des différentes sensations entre elles. un des moments privilégiés pour que ce processus se mette en place est l'allaitement : le nourrisson assemble l'odeur, la chaleur, le contact tactile.... et c'est cet assemblage qui va organiser la représentation du sein.

Delion se réfère à un artice de G. HAAG dans "psychiatrie de l'enfant", n°2, qui propose une grille de repérage du développement de l'image du corps chez l'enfant autiste "traité", au fur et à mesure de sa prise en charge.

il nous propose de penser le symptome comme (là c moi qui fait le rapprochement) une tentative de guérison, ou en tout cas comme quelque chose qui permet au gosse de pas tomber dans le rien.

ex : l'automutilation : pour l'enfant il vaut mieux avoir mal, que ne rien avoir du tout (cf la crainte de l'effondrement de Winicott)

si on reprend le concept de seconde peau musculaire d'esther bick, on peut considérer l'hypertonie comme ce qui permet à l'enfant de faire tenir ses morceaux ensemble : un corps qui bouge est une menace d'éclatement. on retrouve également cette menace dans le "moi-tuyau" où l'énergie corporelle fuit par les extrémités et les orifices.

si on reprend la notion de carapace (cf bettelheim) ; on peut dire que la thérapie va consister dans un premier temps à remplacer la carapace que l'enfant a élaboré, par une autre (moi-peau, etc) qui constituera une nouvelle enveloppe contenante.

une fois l'enveloppe acquise, l'enfant peut avoir accès à la troisième dimension de son corps, qui a à présent un intérieur et un extérieur. il passe de l'identification adhésive à l'identitification projective (cf madame mélanie)

2 - travail sur les clivages du corps

l'image du corps est clivée d'abord dans le sens vertical : c'est le clivage du buste, qui se retrouve dans la pathologie autistique dans les hémiplégies autistiques.

chez le bébé, on l'observe lorsque celui-ci fait passer les objets d'une main à l'autre via la bouche : la bouche (et donc l'oralité en général) permet de faire la jonction entre les deux moitiés du corps

lorsque ce clivage tombe, le buste n'est plus 2 demi-bustes collés reliés par la bouche mais un buste entier.

le deuxième clivage est horizontal et sépare le haut et le bas du corps. (à rapprocher de la paraplégie autistique) il est lié à l'exploration par le bébé de son environnement. ses jambes, différenciées des bras,  ont le pouvoir de l'approcher ou de l'éloigner de l'objet.

concernant cette exploration, on distingue dans les précurseurs du langage le pointage proto-impératif (je montre l'objet pour l'obtenir) et le pointage proto-déclaratif (je montre un objet pour en partager la découverte avec quelqu'un). on note que l'enfant autiste ne passe pas à ce deuxième pointage.

la maitrise de la force musculaire, liée à la castration anale (dolto), permet donc au petit qui commence à se déplacer de découvrir que le bas du corps a une fonction dans son développement "social". il intègre alors le bas du corps dans la représentation interne qu'il a de son corps.

dans l'autisme on va retrouver les troubles sphinctériens, l'hypertonie de la marche, ...

3 - troisième étape : travail sur le processus d'individuation-séparation en séances individuelles

les trois étapes de la thérapies doivent s'articuler à la fois d'une manière diachronique et d'une manière synchronique (comme les stades du développement libidinal)

la prise en charge de l'enfant peut alors comprendre des éléments qui correspondent aux trois étapes simultanément.

Delion nous donne l'exemple un peu idéal de son institution :

1 - récupération des enveloppes corporelles : inventer pour chaque enfant un dispositif qui peut l'interesser :

atelier patisserie

packing (pour les enfants qui se mutilent notamment)

2 - travail sur les clivages du corps :

pateaugoire thérapeutique

cheval

atelier conte (qui prend en compte les capacités de langage de l'enfant, même s'il n'est pas articulé dans une parole)

3 - travail d'individuation-séparation en séances individuelles

thérapie individuelle dont le cadre est adapté bien sûr...

voilà, après la conférence, la discussion a été assez pitoyable, reflétant bien le malaise général des équipes soignantes en proie à la lassitude, et à l'effet mortifère de ce genre d'institutions...

 pour info, j'ai le petit guide qu'il a dirigé "les bébés à risque autistique" qui est une bonne introduction à ce thème...

Publié dans Notes de conférences

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J
je t'avais dit que ce serait utile qu'à moi cette merde ... en même temps c'est déjà ça !
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